La dyslexie développementale était essentielle à la survie de l’humanité et présente encore des avantages aujourd’hui

La dyslexie est la cause la plus fréquente de difficultés d’orthographe, de lecture et d’écriture. Elle touche environ 15 à 20 % de la population. Il s’agit d’un trouble de l’apprentissage qui ne fait pas de discrimination, car il touche la population générale de manière presque égale, indépendamment du sexe, de l’origine ethnique ou du milieu socio-économique.

La dyslexie est souvent mal comprise et considérée comme un simple handicap ou comme un signe de faible intelligence. Mais de nouvelles recherches suggèrent que la dyslexie est un facteur essentiel de l’évolution et de la survie de l’espèce humaine. Les chercheurs souhaitent changer la façon dont nous percevons et abordons la dyslexie en tant que trouble neurologique .

Qu’est-ce que la dyslexie, vraiment ?

Comme le souligne Amy Rollo, Ph. D. , psychothérapeute et psychologue scolaire , la dyslexie est l’un des troubles de l’apprentissage les plus étudiés, mais aussi l’un des plus mal compris.

Rollo, qui se spécialise dans la dyslexie, explique qu’on croit souvent que ce handicap est un trouble d’apprentissage visuel qui pousse une personne à lire et à épeler à l’envers, alors qu’en réalité, il est dû à des déficits dans le traitement auditif.

Lorsqu’une personne dyslexique lit et épelle, ces déficits de traitement rendent difficile la prononciation des mots qui se trouvent devant elle. De ce fait, elle épelle souvent les mots à l’envers ou dans le désordre, ce qui conduit à la fausse hypothèse selon laquelle la personne n’a pas reçu d’enseignement correct, n’a pas suffisamment de vocabulaire ou a un faible QI.

« En fait, c’est l’inverse », explique Rollo. « La dyslexie est due à une inadéquation entre les capacités de lecture et d’orthographe et l’intelligence générale d’une personne. Cela signifie qu’une personne dyslexique a un QI bien supérieur à ses capacités de lecture et d’orthographe. »

La recherche

Des chercheurs de l’Université de Cambridge ont entrepris d’examiner la dyslexie développementale dans une perspective évolutive, plutôt que dans la perspective typique de la difficulté scolaire.

fait qu’elle soit de nature polygénique et que l’écriture soit une technologie relativement « récente, et le besoin de lire et d’écrire n’a probablement pas exercé de pression de sélection évolutive significative », selon l’étude.

Après avoir analysé des études antérieures en psychologie et en neurosciences utilisant ce cadre, les résultats suggèrent un « biais exploratoire » chez les individus atteints de dyslexie qui se traduit par de plus grandes forces en matière de découverte, d’invention et de créativité .

Les difficultés rencontrées aujourd’hui par les personnes atteintes de dyslexie sont le produit d’un « compromis cognitif entre l’exploration de nouvelles informations et l’exploitation des connaissances existantes ».

Ces résultats remettent en cause l’idée selon laquelle la dyslexie est un trouble, mais plutôt une « spécialisation », et les premiers humains ont évolué pour se spécialiser dans des modes de pensée différents mais complémentaires. Grâce à cette collaboration, les humains étaient mieux équipés pour s’adapter aux périodes d’incertitude et changement .

Les chercheurs plaident pour une refonte de notre façon de penser la dyslexie, car l’apprentissage exploratoire n’est généralement pas encouragé dans le système éducatif ou sur le lieu de travail. Si les humains veulent continuer à évoluer et à résoudre des problèmes, disent-ils, la collaboration doit être prioritaire sur la compétition

« La vision centrée sur le déficit de la dyslexie ne dit pas tout », a déclaré Helen Taylor, auteure principale de l’étude, dans un communiqué. « Cette recherche propose un nouveau cadre pour nous aider à mieux comprendre les forces cognitives des personnes atteintes de dyslexie. »

Les super pouvoirs de la dyslexie

Bien que la dyslexie soit souvent mal comprise, un mouvement est en cours pour sensibiliser à l’expérience réelle d’être dyslexique.

Selon le Dr Gail Saltz, professeure agrégée de psychiatrie au New York Presbyterian Hospital et animatrice du podcast « Comment puis-je aider ? »,
les personnes atteintes de dyslexie possèdent certaines qualités potentielles connues.

Les personnes dyslexiques sont souvent des résolveurs rapides de problèmes, des penseurs globaux, d’excellents communicateurs verbaux et des entrepreneurs créatifs.

Saltz, auteur du livre « The Power of Different: The Link Between Disorder and Genius », note que les personnes atteintes de dyslexie ont également souvent des relations spatiales visuelles accrues, une capacité accrue à discerner des modèles et une attention spatiale plus large, ou « elles peuvent noter plus d’informations dans la périphérie de leur vue ».

« En raison de leur lutte contre les symptômes, ils ont peut-être souvent une empathie , une résilience et une persévérance accrues », explique Saltz.

L’expérience de la dyslexie et son impact sur la vie d’une personne varient considérablement, car elle touche un large éventail de personnes et l’expérience de chaque personne est unique. En fait, vous pourriez être surpris par le nombre de personnes dont vous avez entendu parler ou que vous avez vues à la télévision qui sont également dyslexiques.

Parmi les célébrités dyslexiques figurent Muhammad Ali, Whoopi Goldberg et Jennifer Aniston, et des personnages historiques tels que Thomas Edison et F. Scott Fitzgerald étaient dyslexiques

Richard Branson, Orlando Bloom et Kiera Knightley ont tous parlé de leur expérience de vie avec la dyslexie sur des plateformes comme Made By Dyslexia , une organisation qui milite pour « bouleverser la façon dont le monde pense » à propos de cette maladie.

« De nombreux dyslexiques ont changé le monde du divertissement, des affaires et de la science », déclare Rollo. « Il est temps que nous commencions à nous concentrer sur les points forts de la dyslexie, au lieu de nous concentrer sur les difficultés. Qui sait ce qui peut en résulter ? »